Boucles d'Ebène, Le Lab : la formation pour tous !
Aline Tacite est une pionnière. De celles qui ont osé créer un salon dédié à tous les types de cheveux bouclés (bouclés, frisés, crépus, ou B.F.C.), dès 2008 (en association avec sa sœur Marina). D’abord à Bagneux, puis à Paris, en 2021. Aujourd’hui, nouvelle étape : elle inaugure enfin son centre de formation dédié à tous les cheveux bouclés, et à toutes les femmes, qu’elles soient blanches, métisses ou noires (toujours dans le 13ème, à Paris). En formation, elle compte ainsi, de nouveau, parmi les quelques précurseurs qui ont ouvert un centre de formation dédié aux cheveux « texturés ».
De gauche à droite : Marina Tacite, Sandy Bé et Aline Tacite © D.R.
A l’époque où elle s’est lancée, on parlait de cheveux « ethniques » ou, plutôt… on n’en parlait pas. Le sujet n’était pas abordé de front, comme il l’est enfin aujourd’hui et depuis quelques années. Il était encore tabou. Les femmes aux cheveux B.F.C. qui voulaient se coiffer, se les lissaient, ou se les faisaient défriser, à leurs risques et périls.
Un sujet longtemps tabou
Pas de compétences des coiffeurs en la matière (et toujours pas, aujourd’hui, de formation initiale dédiée à ce type de cheveux), pratiquement pas de produits professionnels adaptés (à part les produits américains), et surtout, pas de salons dignes de ce nom (dans certains quartiers parisiens comme Château d’Eau, les clientes sont accueillies dans des conditions de sécurité assez aléatoires, dans des espaces très peu professionnels).
Coupe, couleur et hairdesign... © D.R.
De toute façon, dans les années 2000 et 2010, le bon look, pour les femmes aux cheveux texturés, c’était : une chevelure parfaitement lisse. Aux normes. Sage et disciplinée, pas un cheveu qui dépasse. Ou, à la rigueur, tressée. Aucune acceptation de volumes plus naturels, qui renvoyaient alors - et encore aujourd’hui pour certaines personnes - aux pires clichés et idées reçues (voir aussi l’article : Les boucles (enfin) réhabilitées ? ).
Une expérience du terrain
Aline est « tombée » dans la coiffure par nécessité et pragmatisme, avec sa sœur Marina, « pour être les coiffeuses qu’on n’a jamais eues »… comme beaucoup de spécialistes des cheveux bouclés. Des femmes qui, après avoir cherché en vain pendant des années où se faire coiffer correctement, se (re)convertissent et se spécialisent.
Le Lab : un salon-académie avec cabine privée © D.R.
Aline Tacite était ainsi, initialement, assistante de direction trilingue dans un cabinet d’avocats. Fine connaisseuse des produits (qui depuis 2008, ont explosé, sur un segment désormais hyper riche mais aussi hyper fragmenté), du marché et des besoins, elle est rapidement devenue formatrice. Entre temps, elle a créé l’association Boucles d’Ebène, à l’origine du 1er événement, en France, dédié aux cheveux « texturés » au naturel, créé en 2005 : 2000 visiteurs pour la première édition, l’attente est considérable, le succès aussi.
Un lieu hybride
Mais l’étape cruciale, après le salon, donc, a été franchie en mai dernier : c’était d’ouvrir un lieu de formation « physique », une académie. C’est désormais chose faite avec Le Lab qui, comme elle le souligne, est un lieu « hybride ». A la fois salon de coiffure cosy et haut de gamme, et centre de formation ouvert aux professionnels mais également au grand public, Le Lab est un espace de 70 m² modulable, dès l’entrée, où les miroirs peuvent s’escamoter pour laisser places à divers ateliers.
Une large entrée, accueillante, propice au diagnostic et modulable © D.R.
Côté salon : des espaces de coiffage avec miroirs pivotants (on n’a pas toujours envie de se voir…), une cabine privée pour préserver l’intimité, pour celles qui en ressentent le besoin (et pour les femmes en chimiothérapie, ayant une alopécie…), cabine pouvant d’ailleurs être louée pour un événement (mariage…). Mais aussi des fauteuils massants signés Maletti, dont un bac vapeur, un espace détente, des présentoirs de produits triés sur le volet, et quelques formules et images fortes sur les murs : on est ici pour « sublimer la matière », la valoriser (au lieu de la dénigrer), se réconcilier avec ses cheveux, avec soi, afficher sa beauté au naturel, sa puissance.
Un manifeste pour l'acceptation de soi
Tout un programme : c’est un vrai manifeste pour l’acceptation de soi, chère aux cœurs des deux sœurs Tacite, et de leur troisième comparse, Sandy Bé, qui a rejoint l’aventure Boucles d’Ebène en 2013. Ancienne directrice commerciale et marketing dans le secteur des télécoms, celle-ci complète à merveille ce trio de choc, auprès d’Aline, l’hyper-spécialiste, visionnaire et communicante, et Marina, initialement diplômée en biologie, mais également artiste, coiffeuse et en charge de tous les enjeux RSE.
Des locks, comme base d'un coiffage plein de fantaisie © D.R.
Le premier salon, Boucles d’Ebène Studio, installé quelques numéros plus haut dans la même rue Esquirol, au 31, devenant trop petit, Le Lab peut ainsi prendre la relève tout en inaugurant la dimension « académie ». Avec un même programme que le premier salon : des soins, des soins, des soins. Et des coupes sur cheveux secs, des locks, qui permettent aussi de libérer les femmes en leur permettant de se coiffer plus facilement, ou encore, éventuellement, des tresses, mais sans tirer sur le cuir chevelu comme dans nombre d’espaces spécialisés (ici le service s’appelle « Tresse caresse », c’est tout dire).
Pour les coiffeurs et le grand public
L’académie, elle, s’adresse à un large public : celui des coiffeurs, souvent largement autodidactes en matière de compétences sur cheveux B.F.C., mais aussi grand public, avec des modules spécifiques, directement inspirés par les questions qui reviennent souvent en salon comme, dès juin dernier, « C’est mon papa qui m’a coiffée », pour aider les pères, et au passage renforcer le lien filial : « On a vu beaucoup d’énergie positive se dégager de cette formation, une reconnexion, une réconciliation, autour des cheveux… », souligne Aline. Cet atelier de 2h30 a lieu une fois par mois (et est aussi ouvert aux mamans, bien sûr !).
Des cheveux mi-tressés, mi-libres... © E.L. pour Brunette
Un atelier « Spécial ados » permet d’initier les jeunes au coiffage de leurs cheveux, à se réconcilier avec leur texture ; un atelier « Boucles et lumière » allie coiffure et beauté, toujours avec l’objectif de se sublimer, et par ricochet « de renforcer sa confiance, et de libérer son plein potentiel ».
Un bac vapeur signé Maletti © E.L. pour Brunette
Pour les coiffeurs professionnels, les premières formations en tant qu’organisme professionnel (certifié Qualiopi) auront lieu en 2025. Avec des formats de 1, 2 ou 3 jours. Et une problématique d’initiation, accessible en une seule journée, comme « A la découverte des cheveux texturés : lever les peurs, acquérir les bases et découvrir le potentiel du cheveu texturé ». Jusqu’à des formations intenses et accélérées, en format « Bootcamp », en 3 jours. Le message principal ? « Contrairement à ce que beaucoup pensent, les cheveux B.F.C. ne présentent pas de difficulté particulière. Ils demandent juste des techniques précises, et du temps. »
Il n'est pas rare que des coiffeurs, après le stage, passent du scepticisme à l'enthousiasme, voire à la passion pour les cheveux B.F.C. !
Et les deux sœurs de remarquer qu’il n’est pas rare que des coiffeurs traditionnels, un peu stressés au départ, passent du scepticisme à l’enthousiasme, et se passionnent littéralement pour les cheveux bouclés ! Cela renouvelle radicalement leurs connaissances et leurs compétences, c’est stimulant… Et c’est aussi une porte ouverte vers la créativité, car les cheveux frisés et crépus, notamment, ont un potentiel énorme (volumes, sculpture…).
Prise de conscience et savoir-être
Au Lab, les coiffeurs apprennent aussi le vocabulaire adapté aux différentes textures, à évacuer les formules qui renvoient parfois à des clichés, sans mauvaises intentions, d’ailleurs… C’est une prise de conscience en profondeur en termes de savoir-faire et de savoir-être, doublée de conseil et de coaching concernant les produits, qui sont désormais pléthoriques sur le marché et qu’il faut apprendre à connaître et utiliser, quasiment comme les ingrédients d’un cocktail sur mesure, pour chaque type de cheveux !
Bref, Boucles d’Ebène Le Lab invite à un nouveau voyage, en France, là où il fallait le plus souvent se rendre en Angleterre ou aux Etats-Unis pour espérer accéder à des formations dignes de ce nom. Un voyage « en terre inconnue », pour beaucoup, mais plus pour très longtemps, on l’espère !
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