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Forte tête

S'il y a un signal positif bienvenu, pour le secteur coiffure, c'est bien celui d'une Miss France qui transcende les codes un peu désuets -pour ne pas dire sexistes- du concours de beauté... Une Miss France qui ose les cheveux courts, ou plutôt, une Miss régionale aux cheveux courts propulsée plus jolie représentante de la France !

C'est à la fois un signe des temps, signe que les codes de la beauté évoluent (aussi bien du côté du grand public, puisque les téléspectateurs comptaient pour 50% de la note, que du côté du jury, exclusivement féminin cette année - hasard ou coïncidence...-, qui  « pesait » également pour 50%) et, indirectement, un immense coup de projecteur sur la coiffure... et les coiffeurs ! Pour une fois…

Car depuis son élection, on ne parle plus de la nouvelle Miss France sans évoquer sa coupe courte (et la vague de cyberharcèlement qu’elle lui a valu, car les réseaux boostent l’intolérance et la bêtise). Alors qu'on ne cite jamais les coiffeurs lorsqu’on détaille les looks des tapis rouges (mais seulement les couturiers et joailliers), c'est comme si, tout d'un coup, après le Covid, on re-réalisait que les coiffeur(se)s sont essentiels... Et qu'une coupe garçonne fasse presque l'effet d'une révolution (esthétique), c'est dire à la fois le conservatisme de la société, et le mépris dans lequel on a tenu les coiffeurs, et leur exceptionnel pouvoir de transformation, depuis des décennies...

Car cette histoire de cheveux courts, c'est beaucoup plus qu'une histoire de cheveux, finalement. Et pas seulement non plus l’émergence, peut-être, d’une tendance (ne nous emballons pas…). Comme bien souvent, cette histoire de cheveux est loin d’être superficielle : elle parle d'estime de soi, et de respect. Des valeurs qu’aujourd’hui on brandit en étendard (contre l’homophobie, la grossophobie, le racisme…), et c’est très bien, mais qu’on tire parfois vers l’intolérance et l’exclusion à l’envers (mais c’est une autre histoire).

Pourtant, accepter l’image une femme avec des cheveux courts, peu de formes, ou avec des rides, c’est encore loin d’être gagné, semble-t-il. Le sexisme ordinaire semble avoir encore de beaux jours devant lui (y compris de la part de certaines femmes). Alors, moins d’affichage, et plus de réelle tolérance, c’est-à-dire plus d’indifférence face à la différence (à mon sens la seule vraie tolérance) : c’est ce qu’on peut nous souhaiter de mieux pour 2024. Moins de propagande et d’idéologie, plus de bon sens et d’empathie réelle. On peut rêver, non ?

Janvier 2024

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