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Haute Coiffure Française : un show... éclectique

Lors du week-end marathon des 10-11-12 septembre, plusieurs événements étaient à l’affiche, en particulier le dimanche, où se télescopaient MCB (toute la journée, Porte de Versailles), Haute Coiffure Française (le matin, aux Folies Bergère), Community Hair Show (l’après-midi, aux Folies Bergère), et soirées de marques ainsi que Tribu-te Show, en fin de journée. Personnellement, j’avais fait le choix de la Haute Coiffure Française, pour voir de mes propres yeux comment évoluait la nouvelle équipe artistique, radicalement rajeunie et renouvelée depuis l’année dernière, pour ce deuxième show ambitieux.

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Ligne automne-hiver 22-23 HCF © Marwan Moussa

 

Et, pour le coup, la créativité était au rendez-vous, à travers des plateaux quelque peu hétérogènes et surtout, pour certains, décalés par rapport à ce qu’on pourrait attendre de la Haute Coiffure Française. Christophe Gaillet, son directeur artistique, l’assume pleinement : « C’est la richesse de la Haute Coiffure Française, cette proposition artistique qui explose. Nous avons renouvelé l’équipe aux trois-quarts, avec aujourd’hui 12 coiffeurs - dont 9 de 25 à 35 ans - aux profils très différents (studio, salon, avant-garde, coloristes…) et qui ont de vraies signatures. Tout le monde se mélange, c’est un métissage artistique, il y a des débats… C’est très intéressant car ils n’ont peur de rien. Pour déployer leur puissance créative, j’ai choisi de les laisser faire : ils sont libres. »

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Plateau de l'équipe artistique grecque © Marwan Moussa

 

Renouant avec la tradition d’inviter un pays membre de la Haute Coiffure Française, le show « Art of Hair » s’est ouvert sur le plateau de l’équipe artistique grecque, tout en volutes et emboîtements de volume, jouant à fond l’idée de construction. Il a été suivi par la présentation de la ligne « commerciale » de la Haute Coiffure Française, inspiré du Paris by night des années 70, très prêt-à-porter, efficace, contemporain, élégant. Une bonne surprise tant la ligne commerciale HCF était traditionnellement, à mon sens, son point faible jusqu’ici.

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Ligne automne-hiver 22-23 HCF © Marwan Moussa

 

Trendy, frenchy avec cette touche de chic désinvolte qu’on nous envie partout dans le monde, présentant des coupes courtes dans l’air du temps (court bouclé, volume afro géométrique, esprit bol revisité) autant que du long ondulé, un brun dégradé plus rock, un néo-mulet shaggy blond vénitien audacieux, et un mi-long masculin peut-être un petit peu moins convaincant : l’ensemble, très équilibré, ramenait la Haute Coiffure Française à la fois sur le marché et dans la mode.

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Plateau de Jean-Baptiste Santens © Marwan Moussa

 

Se sont ensuite succédé plusieurs plateaux mettant en avant les talents de cette nouvelle équipe, sur des positionnements très différents, voire troublants. Un exercice de style lancé par Jean-Baptiste Santens, autour d’une sublime coiffure crantée inspirée du glamour hollywoodien des années 40, telle une Jessica Rabbit revisitée, Jean-Baptiste insufflant sa touche en exacerbant cran et rouleaux, en poussant la couleur comme les volumes à leur paroxysme, avec l’énorme talent qu’on lui connaît. D’autres propositions à la fois graphiques et sensuelles ont peuplé un plateau magnifique de pure haute coiffure. Choc des cultures et des inspirations avec le plateau suivant, mené par Damien Dussert et Elodie Hue, autour de la coiffure masculine. 

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Plateau de Jean-Baptiste Santens © Eve Laborderie pour Brunette

 

Entre grunge et néo-punk, ils ont indéniablement fait assaut de créativité et d’audace, avec un stylisme impeccable qui calmait le jeu. Néanmoins ce plateau pouvait laisser songeur : jusqu’où donner carte blanche aux jeunes talents, à partir de quand être un peu plus directif ? Quid de la cohérence globale et de l’image renvoyée par la Haute Coiffure Française ? « On soigne beaucoup la ligne commerciale, sur laquelle nous avons d’ailleurs des retours positifs, répond Christophe Gaillet. Le show, c’est la cerise sur le gâteau. » Comprendre : on se fait plaisir.

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Plateau de Constance Laporte © Marwan Moussa

 

Constance Laporte, elle, est sans doute celle qui a tenté la synthèse entre créativité et élégance, apprivoisant ce qui aurait pu partir vers le trash, et poussant un carré ondulé aérien jusque dans ses retranchements, forçant le volume, le mouvement, les reflets de couleur avec force autant que délicatesse. Son attache design était également très réussie. Place ensuite au binôme Pierre Ginsburg / Emmanuel Esteban, avec des créations épurées, sur le thème de l’art fractal, avec des propositions allant du minimalisme aux variations sur l’enfance et la poupée autour de macarons XXL…

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Plateau de Quentin Lafforgue © Eve Laborderie pour Brunette

 

Enfin, le plateau de Quentin Lafforgue, onirique à souhait, peuplé de frêles créatures « dark », a joué la métaphore de l’arbre et des branchages avec panache et subtilité, clôturant une matinée riche en émotions et en choc esthétiques. Des propositions à canaliser, sans doute, pour refléter au mieux une élégance latine, en version prêt-à-porter ou Couture, que la Haute Coiffure Française est une des rares, et des dernières, à pouvoir représenter. 

 

26/09/22

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