Philippe Tapprest s'est envolé
Décédé à 64 ans d’une crise cardiaque dans sa résidence de Guérande ce 3 novembre, Philippe Tapprest avait parcouru pour son métier le monde entier, mais aussi la France, avec une grande générosité.
Il y a des disparitions qui peuvent parfois être moins médiatisées qu’elles ne le devraient, et je ne voudrais pas que cela arrive pour Philippe Tapprest. A la tête de deux salons, à La Baule et à Troyes (même s’il en avait eu davantage), Philippe Tapprest était non seulement un coiffeur talentueux et adorable, mais il était aussi, dans la profession, relativement discret. Et pourtant ! Sur les scènes du monde entier pendant une petite vingtaine d’années, et directeur artistique pendant 15 ans pour la marque René Furterer, puis ambassadeur et membre de l’équipe artistique de Davines, c’était à la fois un homme de création, et non des moindres, mais aussi un chef d’entreprise, à la tête de plusieurs salons, et du réseau Hair Business avec Franck Charrier (une quarantaine de salons).

Il avait aussi travaillé en tant que free lance et coiffeur studio, dans la coiffure et dans la mode. « Nos équipes ont été profondément touchées par sa disparition », commente-t-on chez Davines, chez qui on souhaite prendre le temps de trouver les mots pour rendre hommage au coiffeur.
Humanité et goût de la transmission
Wilfrid Karloff, qui le connaissait bien pour l’avoir côtoyé au sein de l’équipe artistique de Davines constituée, il y a quelques années, autour d’Edoardo Seghi, Vincent Moutault, Alexandre Serio, Philippe et lui-même, en était resté proche. « On s’entendait super bien, affirme ainsi Wilfrid. Sur le plan artistique comme sur le plan humain. Il faisait partie de ces gens qui avaient une éducation, des valeurs, des principes, notamment autour de la nécessité de transmettre. C’est une grande perte pour la profession, malgré sa discrétion. »

Avec Wilfrid Karloff © D.R.
Le coiffeur, formateur et directeur artistique Thierry Tixier, qu’on ne présente plus (Wella, Eugène Perma, MCB, CBM, Académie TTT aujourd’hui) l’avait également côtoyé à de nombreuses reprises. « C’était quelqu’un de très sympa, mais aussi avant-gardiste, avec un discours sur la naturalité bien avant l’heure. Un visionnaire, à mes yeux. Simple, et avec beaucoup d’idées. Il proposait des créations qui sortaient de l’ordinaire, mais il ne pouvait s’empêcher de douter. » Humble, discret, et donc d’une certaine façon à des années lumière des profils classiques du monde de la coiffure…

D’un point de vue humain, il était dans le partage et la générosité. La formatrice et consultante en management Sarah Guimond, qui a longtemps travaillé dans la région nantaise, le confirme : « C’était une personne d’une grande humanité, discrète, mais toujours présente dès qu’on avait besoin de lui. Il m’a souvent aidée avec une bienveillance rare et de précieux conseils. Des conseils essentiels pour vivre ce métier sereinement à la fois dans sa dimension artistique et dans son aspect entrepreneurial. »
Sarah loue aussi sa discrétion, son engagement environnemental « dans le choix de ses produits et dans sa manière d’exercer son métier, avec respect et conscience. » Un homme emporté subitement, trop tôt, trop jeune, dont l’empreinte, pourtant, aura durablement et profondément marqué le métier.