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Océane Avakian : un succès tout en fraîcheur

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Elle conseille et fait sourire - voire franchement rire - les coiffeurs, mais aussi les consommatrices, avec son compte Instagram fort de 123 k followers (elle en a près de 29 k sur Tik Tok). A 30 ans, elle est aussi à la tête d’un salon de 120 m² à Lyon, d’un e-shop pro à son nom, formatrice depuis quelques mois, tout en étant ambassadrice pour trois marques de coiffure (cosmétiques pro, outillage électrique pro, brosses). Pour le moment... Mais elle a aussi trouvé le temps de se construire une jolie petite famille.

Elle apporte surtout un petit vent de fraîcheur et de légèreté dans un secteur ultra speed et de plus en plus concurrentiel, tout en délivrant ses conseils pleins de bon sens avec simplicité et efficacité, ou à travers des scénettes rigolotes (il faut la voir sous la douche !), en faisant parfois aussi dans l’auto-dérision voire l’humour potache (un peu de lâcher prise ne fait pas de mal…). Elle peut aussi s’inspirer de situations courantes en salon, et y répondre sous la forme de tuto. Comme elle reçoit un grand nombre de messages en privé, lorsqu’elle constate qu’un sujet émerge, elle en profite ainsi pour faire une réponse… groupée.

 

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En démo... © D.R.

 

Mais d’où vient ce petit phénomène, qui s’est récemment fait un carré court et pétillant qui lui va à merveille ? D’une (grande) famille de coiffeurs… Grande, vraiment. « J’aime le répéter, car c’est un moyen de rendre hommage à une famille de passionnés. Si je n’étais pas née dans cette famille, je n’en serais peut-être pas là. Je ne serais peut-être pas aussi passionnée à mon tour, non plus. » On parle ici, en effet, d’une famille de coiffeurs sur… 4 générations (et même 5 du côté maternel !).

Une dynastie de coiffeurs

« Mes parents sont coiffeurs, mes grands-parents et arrière-grands-parents étaient coiffeurs, du côté de mon père comme de ma mère. Du côté de mon père, mes grands-parents sont venus d’Arménie, adolescents. Ils se connaissaient déjà, mais c’est en France qu’ils sont tombés amoureux ! Et du côté de ma mère, mes arrière-grands-parents étaient également coiffeurs tous les deux… Quant à mes parents, ils se sont rencontrés… à l’école de coiffure ! Aujourd’hui, nous avons de la famille un peu partout, des Etats-Unis à Tahiti. » Une vraie diaspora de coiffeurs Avakian. Quasi un label de qualité. Et d’amour du métier…

 

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L'arrière-grand-père d'Océane devant son salon, avec le grand-père d'Océane © D.R.

 

Pour autant, Océane ne s’est pas contentée de récolter le fruit des efforts familiaux. Bien sûr elle n’a jamais envisagé rien d’autre que la coiffure : « L’amour pour ce métier, c’était une évidence. On habitait au-dessus du salon de maman. Pour moi, c’était une extension de la maison. Je descendais faire un bisou à ma mère, les odeurs de couleur ou de permanente, ce sont les odeurs de mon enfance ! » Bref, la coiffure, elle est tombée dedans quand elle était petite. Toute petite. « J’ai réalisé mon tout premier shampooing sur ma prof de sport, quand j’étais à l’école primaire. J’ai dû grimper sur des bottins (les énormes annuaires téléphoniques papier que certains n’ont pas connus…) pour pouvoir lui laver les cheveux au bac ! »

Se construire soi-même

Déterminée, elle a ouvert son premier salon en 2014, à 21 ans. En mars, elle fête donc 10 ans d’activité coiffure en tant que patronne de salon. « En BP, j’ai fait ma 1ère année d’apprentissage dans un salon où ça s’est mal passé. Ma mère m’a alors proposé de venir travailler dans le deuxième salon qu’elle était justement en train d’ouvrir à Lyon. On s’était toujours dit qu’on ne travaillerait jamais ensemble, qu’on ne mélangerait pas tout… Mais j’ai fait ma 2ème année de BP dans son salon. Puis encore une année, en tant que salariée. Elle m’a laissé les rênes du salon, des commandes au planning. J’ai appris à diriger une équipe, gérer des budgets… »

 

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L'arrière-grand-père d'Océane en pleine action © D.R.

 

Et là, on se dit que l’histoire est toute tracée, qu’Océane n’avait qu’à reprendre ce salon. Mais c’est mal la connaître. « Au bout d’un an j’ai voulu ouvrir mon propre salon. Je me sentais prête. J’aime le challenge. Je voulais faire quelque chose par moi-même, aussi. Ma seule hésitation, c’était : reprendre un salon… ou un local vide, et le créer de toutes pièces ? »

Un positionnement précurseur

C’est cette deuxième option qu’elle choisit. « Le côté ‘’Je vais tout créer moi-même, à 21 ans’’, à la banque, évidemment, ce n’était pas le plus simple. Mais mon banquier me connaissait. J’économisais les trois-quarts de mon salaire pour mon projet depuis longtemps. Il m’a suivie. Et puis je n’ai pas pris de gros risques financiers, au début. J’ai opté pour un local de 27 m². »

 

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Son positionnement, il y a 10 ans, était intuitif, et visionnaire. « J’avais envie que les gens reprennent plaisir à aller chez le coiffeur, qu’ils ne viennent pas juste pour l’entretien de leur coupe ou de leur couleur. Et puis je voulais leur apporter du conseil. En considérant chaque cliente comme une personne à part entière, en l’accompagnant jusque chez elle, dans l’utilisation des produits, les gestes, etc. » Proposer une expérience agréable et personnalisée en lieu et place d’une contrainte : on ne parle que de ça aujourd’hui, tout comme de prendre le temps du diagnostic, de la « consultation », ou de (re)penser le parcours client.

Investir les réseaux sociaux

Océane, elle, l’a fait spontanément, avant que les formules ou les mots ne soient à la mode. Et c’est sans doute cette envie de proposer des conseils, des astuces à ses clientes, qui l’a conduite tout doucement vers les réseaux sociaux. En commençant par Facebook. Car Instagram, en 2014, il faut se le rappeler, n’était pas un réseau professionnel au sens où on l’entend aujourd’hui. On y mettait ses photos de vacances, et c’est à peu près tout… Mais une amie mannequin lui conseille quand même d’investir Instagram, d’y mettre ses réalisations, pour ses clientes. « Tu ne travailles pas tout à fait comme les autres, c’est plus moderne, il faut le faire savoir… » lui dit-elle, en substance.

 

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Dont acte. Océane crée son compte fin 2015. Entre-temps, elle aura bénéficié d’un petit coup de pouce d’une cliente, qui travaillait chez Chauffeur Privé et était en relation avec des influenceurs. Elle lui envoie Enjoy Phoenix, alias Marie Lopez, alors influenceuse française n°1 sur YouTube. Océane ne sait pas qui c’est, mais elle prend soin de ses cheveux, les récupère grâce à des soins pro : Enjoy Phoenix participe, fin 2015, à l’émission « Danse avec les Stars », sur TF1 (d’où une chevelure mise à mal…). Elle ne manque pas de citer sa coiffeuse, devenue une amie, sur ses réseaux sociaux... « C’est ma première explosion, en termes de fréquentation, dans le salon comme sur les réseaux », précise Océane.

Un confinement… et un e-shop !

Le deuxième boom, c’est pendant le confinement. Une période de crise qui, on le sait, a aussi boosté les initiatives et l’imagination des entrepreneurs comme des particuliers. « Je me suis mise à parler face à mon téléphone pour donner des conseils, à me montrer, chose que je n’avais jamais faite avant ; à organiser des lives de questions / réponses : mon nombre d’abonnés a triplé. » Son positionnement, aujourd’hui ? « Je suis un peu devenue Hair Coach malgré moi. Le côté humour, c’est moi, il reflète bien ma personnalité. Je ne suis pas sérieuse au quotidien, même si je fais les choses sérieusement… » Bref, elle se dévoile davantage, et ça lui réussit. Plus elle fait dans le naturel, la simplicité, et plus ça marche…

 

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L'un des derniers petits sketchs de son compte Instagram... © D.R.

 

Le confinement l’a aussi conduite à ouvrir son propre e-shop de produits professionnels de coiffure sans l’avoir vraiment planifié. Elle venait de déménager son salon dans un local beaucoup plus grand (120 m², donc), et de le refaire intégralement, du sol au plafond. Elle l'avait réouvert... en janvier 2020. « Quand les salons ont dû fermer, moins de deux mois plus tard, j’avais à encaisser le coût des travaux, des salaires, et énormément de stock de produits sur les étagères. » Son salon faisait déjà un impressionnant 30% de chiffre d’affaires en revente. Un chiffre qui risquait de peser lourd, en période de fermeture imposée…

Des histoires de famille, et d'équipe

« J’ai créé mon e-shop pour sauver les meubles, et renflouer ma trésorerie, très rapidement, sans états d’âme. J’y pensais déjà avant, mais je n’aurais jamais pris le temps de faire ça en plus du reste ! » Mis en place dans l'urgence, mais avec le coeur, cet e-shop qui a pris son envol, « c'est aussi une histoire de famille, précise Océane. Car je l'ai fondé avec Loïc, mon chéri et meilleur ami depuis 12 ans... »

Aujourd’hui à la tête d’une véritable marque, et d'une grande et belle équipe (10 personnes en tout), la coiffeuse tient à insister sur un point : « Les réseaux sociaux, ça fait rêver. Mais il faut savoir que je ne suis pas toute seule à m’en occuper. Nous sommes 3. Je suis aidée sur les vidéos, les montages, les idées. Nous réfléchissons à 3 sur le contenu. C’est planifié. Nous y consacrons une journée entière chaque semaine, dont une demi-journée de tournage. Après le premier montage, si besoin on corrige. Puis on valide. » La proximité, la légèreté et l’humour, c’est bien, mais ça se travaille. Et ça se cultive…

 

29/02/24

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