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Les coiffeurs face au reconfinement

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Nous y voilà. Face au reconfinement et à la fermeture des commerces « non essentiels », musées, lieux de culture, de vie, salles de sport, bars et restaurants… (les discothèques, elles, n’ont jamais rouvert). Voilà encore un papier que j’aurais aimé ne jamais avoir à écrire. Une fermeture bien souvent vécue comme une injustice, alors qu’on sait que les petits commerces ne sont pas les lieux de propagation du virus : ce sont les entreprises et les rassemblements privés.

Mais voilà, difficile de reconfiner et de faire dans la demi-mesure, on ne peut pas suivre les gens à la trace pour savoir s’ils ne vont « que » dans leur magasin de quartier…

Des coiffeurs déjà fragilisés

Les coiffeurs, bien sûr, sont touchés de plein fouet, eux qui ont déjà subi 8 semaines de fermeture administrative, une mini embellie en mai-juin, une activité en dents de scie depuis. Selon une enquête réalisée par l’Unec du 16 au 30 septembre auprès de ses adhérents, sur la période mai-août 2020, ce sont, sans surprise, plus de 6 entreprises sur 10 qui ont enregistré une baisse de chiffre d’affaires. Des baisses de chiffre sans doute très variées…

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Un salon sur 4 a déjà sollicité le PGE (Prêt garanti par l’Etat), au niveau national (source : BPI France). Pour ceux qui avaient une trésorie saine, qui ont fait appel à l’emprunt, et au dispositif de chômage partiel, le premier confinement est passé de justesse, ils ont pu sauver les meubles. Mais quid d’un deuxième confinement ?

Perspective de réouverture et impact sur décembre ?

Sa durée sera cruciale, d’où l’espoir suscité par la petite phrase du président Emmanuel Macron dans son intervention, sur la ré-évaluation de la possibilité d’ouverture de certains commerces « non essentiels » dans deux semaines, selon l’évolution de la pandémie.

La période impactée sera également cruciale : initialement prévu jusqu’au 1er décembre (soit un peu plus de 4 semaines), le confinement ne doit absolument pas, pour les coiffeurs, déborder plus sur le mois de décembre, pendant lequel ils réalisent leur chiffre d’affaires le plus élevé.

Un mois stratégique déjà durablement impacté du fait de la crise des Gilets Jaunes et des mouvements sociaux en général (transports…) qui ont affecté le commerce des centres-villes en décembre 2018 et décembre 2019, notamment (mais pas seulement…).

Baisse de la fréquentation des salons

La survie des petites structures qui n’ont plus beaucoup de trésorerie et qui ont déjà sollicité le PGE est donc en jeu. Malgré des semaines de 70h pour absorber la demande et essayer de rattraper les pertes lors du déconfinement, certaines entreprises ont dû fermer, d’autres restent en grande fragilité.

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Les annonces du gouvernement sur les nouvelles aides pour les petites entreprises seront-elles suffisantes ? Rien n’est moins sûr. Car le premier confinement, en plus des pertes sèches de chiffre d’affaires occasionnées, a durablement changé les habitudes de consommation. (A VOIR AUSSI : Les aides du 2ème confinement)

Nombre de client(e)s ont ainsi pris l’habitude d’entretenir seul(e)s leurs cheveux et, dans tous les cas, beaucoup ont espacé leurs visites dans les salons. Le développement du télé-travail ne stimule pas non plus l’envie de prendre soin de soi (coiffage, coloration, maquillage…) et incite à plus de tolérance concernant les looks approximatifs (ce qui n’est pas forcément une bonne idée, même sur un plan personnel, d’estime de soi et de relation de couple…).

Quand télé-travail et/ou déménagement n’ont pas, tout simplement, conduit à déserter le salon habituel pour un autre (dans le meilleur des cas), ou pour l’abandon de tout service coiffure professionnel (dans le pire des cas).

Enfin, le climat d’incertitudes et les annulations des mariages et fêtes de famille, rendez-vous rituels de l’été, ont durablement aggravé la situation des coiffeurs.

Miser sur un sursaut des consomm'acteurs

Au final, en dehors même des dispositifs d’aide exceptionnels qui ont le mérite d’exister, dans notre pays, la survie des salons et des coiffeurs ne pourra passer que par un sursaut des « consommateurs-citoyens ».

Assez vite, il faudra faire passer le message qu'à la réouverture, ce sont bien les coiffeurs qui auront besoin de leurs clients, sans doute bien plus qu'eux, d’eux, cette fois (puisqu’ils ont appris à se passer d’eux et ont espacé leurs visites).

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Ce sera une question de survie : les clients fidèles ou occasionnels des salons pourront contribuer à sauver un de leurs commerces de quartier, auquel ils sont souvent très attachés. Ils pourront agir concrètement.

Responsabilisons tout le monde, au-delà des belles déclarations, des pétitions et des flatteries au journal de 20h. Ce sera aux citoyens-consommateurs de réaliser que, s'ils veulent continuer d'avoir le choix entre les produits de supermarché à appliquer tout seuls ou des professionnels experts, à leur service, eh bien ce sera aussi à eux de jouer. Et qu’il sera plus que temps de joindre les actes à la parole, pour soutenir les salons et le commerce de centre-ville en général.

 


 Ce que demande l’Unec

Partant du constat de la grande fragilité du secteur, des risques de faillites et de dépôts de bilan à venir ces prochains mois, l’Union nationale des entreprises de coiffure demande :
« Avec l’arrêt de l’activité au cours des prochaines semaines, les entreprises vont être dans l’incapacité d’absorber les reports de charges à venir : ce sont donc bien de nouvelles mesures d’exonérations de charges qui doivent être envisagées, affime l’Unec, ainsi que le report d’un an du remboursement des PGE souscrits par les entreprises avec la possibilité pour ceux qui ne l’ont pas encore fait d’actionner ce dispositif jusqu’au 30 juin. »
29/10/20

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