Un espace de liberté et de provocation

« The Face a participé à réinventer le paysage culturel contemporain grâce à la vision créative de ses collaborateurs, rappelle ainsi le magazine Vogue au sujet de l’expo. Lesquels étaient invités à investir ses pages comme un espace de provocation, d’humour et d’innovation permanente. De quoi se faire l’écho des préoccupations brûlantes d’un public de plus en plus jeune, intéressé par un large éventail de sujets allant de la nouvelle scène de clubbing à la politique sociale et économique. »

Kate Moss révélée par Corinne Day en couverture, juillet 1990 © Maxime Orio

The Face est un « style magazine », et traite des modes émergentes, qu’il contribue à créer, des acteurs de l’univers underground, de phénomènes socio-culturels… Le tout à travers une maquette mythique signée par le directeur artistique Neville Brody, des photos arty, des couleurs flashy. Hyper influent à l’heure où Internet et les réseaux n’existaient pas, le magazine redéfinit les standards de beauté, met en avant la jeunesse, et lance une nouvelle garde de photographes (David Sims, Corinne Day, Stéphane Sednaoui, Nigel Shafran …) mais aussi d’artistes, musiciens ou mannequins. Comme la brindille, la toute jeune Kate Moss, qui incarnera la mode grunge, avec sa frêle silhouette et son minois de chat.

Madonna par Jean-Baptiste Mondino, pour The Face, juin 1990 © Jean-Baptiste Mondino

Au milieu des années 80 déboule aussi une nouvelle génération de stylistes (Vivienne Westwood, John Galliano, Jean-Paul Gaultier, Thierry Mugler…) qui bouscule les codes et qui provoque avec malice et élégance. Les pages mode du magazine, explosives, reflètent parfaitement leur impertinence.

La réinvention de la mode

« C’était un remède à la mode ennuyeuse des eighties, résume le photographe et collaborateur Jamie Morgan cité dans Harper's Bazaar. Le métissage des cultures était le pilier du mouvement. Nous nous inspirions des gens dans la rue, des Amérindiens, de l’Afrique, de l’armée, du sport, de la famille royale : toute culture avec un point de vue esthétique puissant. Nous avons été les pionniers du casting sauvage pour les séries mode. » Moins de bling et de perfection, plus d’authenticité et d’émotion, la mode n’a au fond été qu’un prétexte, pour la joyeuse et visionnaire équipe de The Face, pour réinventer le monde, ou plutôt, pour le regarder… en face. Des couvertures cultes, des partis pris audacieux : plongez sans réserve dans cette rétrospective immersive et hautement inspirante !