(Ci-dessus : visuel Keune Haircosmetics)

Les tendances cheveux sont de plus en plus sophistiquées... Pour la coloration, cette année c’est le lexique de la gourmandise qui est mis à contribution. On assiste ainsi à une explosion d’adjectifs évoquant les boissons cacaotées, tous les dérivés italiens du café, le miel, le caramel, la vanille, la crème et la chantilly. Dans cette jungle sucrée et chocolatée, vous avez sans doute vu passer quelques tendances plus commentées. Les mêmes expressions ne recouvrent pas toujours les mêmes réalités chromatiques, mais j’ai quand même essayé de rassembler ici les courants qui semblent émerger le plus fortement.

L’incontournable Mocha Mousse

Commençons par l’incontournable Mocha Mousse, lancé par la célèbre société Pantone, qui tente de cerner les évolutions de la société et de les résumer dans une nuance : ambitieux objectif ! Le Mocha Mousse et toutes ses tonalités sont ainsi censés inspirer nos garde-robes, nos intérieurs, et… les coloristes cheveux. Sachant que le Mocha évoque le mocaccino, qui est lui-même une déclinaison du capuccino… Vous suivez ?

 

Le mocaccino, et ses différents niveaux chromatiques...

 

L’idée forte, c’est surtout que les tonalités chaudes et dorées sont enfin réhabilitées, après avoir été mises au ban au profit de tonalités froides considérées pendant des années comme plus élégantes… Dans une époque dure et difficile, tant au niveau international que local, il n’est pas étonnant qu’on ait envie d’un peu plus de chaleur, de naturel et d’authenticité (chassez les reflets chauds, ils reviennent au galop !).

 

Le mannequin Hailey Bieber, l'une des premières à porter la tendance Mocha

 

Or la teinte Mocha « décrétée » par Pantone peut se traduire, dans les cheveux, par un châtain lumineux, riche en reflets (à la fois chauds et froids) et modulable selon la demande des clientes, leur carnation… C’est là toute sa force, car cette couleur riche et complexe peut s’interpréter de différentes façons : pile, c’est une tonalité chaleureuse et gourmande, inspirée du mocaccino italien, à savoir un cappucino servi avec de la crème, du chocolat et de la poudre de cacao, et qui se marie harmonieusement avec des coloris joyeux ou profonds comme le rose, le vert, le bleu et le violet.

 

La tendance Mocha, vue par Arkhé (à gauche), et l'enseigne Vog Coiffure (à droite)

Des tonalités faciles et modulables

Face, c’est aussi une teinte relativement neutre, sage, sans prise de risques, qui peut très bien s’harmoniser avec un camaïeu de tonalités crème, beige et chocolat. C’est peu de dire que le Mocha, pour un(e) coloriste, c’est un argument marketing en or, à privilégier pour convaincre celles qui n’oseraient pas trop « se mouiller », en matière de coloration… Comme celles qui voudraient s’offrir un blond foncé riche, profond, sur mesure et… tendance ! Idéal aussi pour remplacer un balayage délavé, une couleur terne, à travers une transformation efficace et dans l’air du temps.

 

Toutes les déclinaisons du Mocha... (Sublimo)

 

Au bar, le mocaccino est habituellement servi dans un verre transparent, de façon à mieux voir les différentes couches de café, de chocolat et de crème, encore non mélangées. Autant dire que c’est à vous, avec votre cliente, de décider d’ajouter un peu de crème… ou de chocolat au mélange ! Ce qui offre une infinie possibilité de déclinaisons…

 

Un Mocha plus chocolaté, par L'Oréal Professionnel...

 

...et par Franck Provost

 

Le brun/blond, ou brond

Autre tendance se classant dans le top 5 ou 6 des courants coloration de l’année : le « brond », contraction de brun et blond. Une couleur qui n’est pas exactement une nouvelle venue, puisque la tendance, et le mot, étaient déjà apparus en 2021. L’idée ? Proposer un brun aux reflets dorés, soit un mix permettant d’arborer un effet blond très naturel, comme si on venait de passer plusieurs semaines au soleil, et ce sans avoir l’air décolorée.

 

Une version Brond tout en douceur (Kevin Murphy)

 

Le brond apporte ainsi des reflets profonds, sans forcément passer par la décoloration. Une tonalité, là aussi, très modulable, pouvant varier des nuances caramel à des tons plus cendrés. Et qui permet de satisfaire les indécises, grâce à une proposition assez légère en termes d’entretien.

Des blonds vintage ou crémeux 

Côté blonds, on renoue aussi avec les reflets dorés, longtemps méthodiquement chassés… Comme pour les brunes, il ne s’agit pas de passer d’un Diktat à un autre : il s’agit d’accepter la variété des reflets, de mêler éventuellement des tonalités chaudes et froides, de répondre aux désirs des clientes et de leur offrir une réponse sur mesure, et plus seulement « chromatiquement correcte »… et c’est une bonne chose !

 

La chanteuse Sabrina Carpenter, figure de proue du Bold Blond

 

La figure de proue du Bold Blond, soit un blond qui assume ses reflets dorés et ses références hollywoodiennes, c’est évidemment la chanteuse Sabrina Carpenter, par ailleurs égérie de la marque Redken depuis 2024. Elle incarne cette tendance à la perfection, avec son brushing rétro, façon nouvelle Marilyn Monroe.

Le creamy beige, par Keune Haircosmetics

 

Mais pour les blondes, de multiples tendances ont émergé en ce début d’année. Comme le « creamy beige », qui est une nuance assez technique, située entre un blond cendré et les tons pêche. Une proposition plus froide, mais crémeuse, tout en douceur, assez singulière et ultra moderne.

 

Le creamy beige vu par Urban Keratin (à gauche), et par Arkhé (à droite)

 

Quant aux tonalités caramel et miel, elles restent parfaitement d’actualité cette année, qu’elles soient proposées en balayages, mèches ou à travers de jolies versions de châtain clair. Elles peuvent s’associer à différents types de bases, brunes ou plus claires. Elles confortent le retour des tons chauds. Lesquels n’imposent pas leur loi, puisqu’en matière de coloration, il faut d’abord faire selon son style et son envie. 

Le roux flamboyant

Ce come-back des tonalités chaudes permet néanmoins le retour en force du roux cuivré et orangé, relativement présent ces dernières années mais plus discrètement. Aujourd’hui, on peut oser les couleurs vibrantes, à décliner dans des versions cuivrées, flamboyantes, tout en éclat et en naturel, ou à tirer vers les tonalités cerise. Dans tous les cas, il faudra bien veiller à respecter l’harmonie avec la carnation de la peau (les peaux claires, elles, pouvant se permettre tous les types de roux).

 

Toutes les nuances de roux... A gauche, par Davines France; à droite, par Wella.

 

Les roux de Jean-Marie Contreras (à gauche), et de BB Hair (à droite)

 

Le roux par Arte Moda (à gauche), et par La Biosthétique (à droite)

 

A noter aussi, d’un point de vue technique : cet univers de tonalités plus chaudes et plus naturelles étant désormais (re)valorisé, qu’il s’agisse des roux, des blonds foncés ou des bruns, c’est une avenue qui s’ouvre pour toutes les techniques de coloration végétale, qui étaient trop souvent renvoyées, justement, à leurs reflets trop chauds pour être tendance... Ce retour de balancier, on l'a vu, s'inscrit dans une envie de tonalités plus naturelles et plus authentiques (à savoir : certaines marques de coloration végétale ont développé des techniques spécifiques pour proposer aussi des reflets froids - c'est le cas de Marcapar, et de Couleurs Gaïa).

La fantaisie "Peekaboo"

Enfin, il n’aura échappé à personnes qu’à côté de ces envies de naturel, des tendances plus créatives ont émergé. Et il ne s’agit plus, cette fois, de colorations en tête entière frisant le blanc ou jouant de tons pastel, ou même plus électriques, comme il y a quelques années : il s’agit plutôt de « colorer uniquement des sections précises sélectionnées de la chevelure pour créer un effet saisissant et inattendu », comme on le résume chez L’Oréal Professionnel, qui l'illustre avec les deux nouvelles nuances cuivrées corail de sa « French Balayage Mermaid ». Des sections précises, et pas forcément géométriques : c’est la tendance « Peekaboo » (qui veut dire « coucou » en anglais, car elle peut être cachée ou dévoilée). Cette tendance, pas si nouvelle, est présente depuis longtemps dans la coiffure anglo-saxonne. Mais elle a entamé sa mue "grand public" et fait désormais le buzz sur Instagram et Tik Tok (plus de 207 000 publications sur les réseaux sociaux, et 3 milliards de vues sur TikTok*).

 

La tendance "Peekaboo" vue par L'Oréal Professionnel (à gauche), et par Jérôme Fendt (à droite)

 

« On retrouve dans ce look sophistiqué et audacieux une élégance sans effort, et une fantaisie très moderne, explique ainsi le coloriste Pierrick Beringer. C’est idéal pour les clientes qui ont envie de s’amuser et de porter quelque chose d’unique. On utilise des couleurs très pop, mais de façon relativement discrète. »

 

Le Peekaboo sur un mulet (Davines France), ou des cheveux ultra longs (Jean Louis David)

 

Chez Davines France, le nouveau collectif créatif s’est également fait plaisir avec cette tendance, en osant plutôt le gris qui, avec le corail, est l’une des tonalités les plus utilisées pour jouer de taches de couleurs inattendues, décalées, osées mais toujours élégantes. Sur des cheveux longs, on peut aussi s’amuser avec la plus ou moins grande visibilité des parties colorées selon le coiffage (cheveux attachés vs détachés). Quand, sur cheveux courts, c'est un parti pris arty forcément assumé...

 

Visuel : Schwarzkopf Professional

 

Bref, qu’il s’agisse d’effets créatifs ou plus naturels, cette année, on est en quête de sophistication, en ce qui concerne la coloration. Et c’est évidemment une bonne chose pour les coloristes, de plus en plus irremplaçables.

* Source : L'Oréal Professionnel