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"C'est pas demain la vieille" ose les plus de 55 ans

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C’est un projet qui s’attaque à l’un des derniers bastions du sexisme ordinaire : l’âge. Tout le monde le sait, l’homme « se bonifie » avec le temps, comme un grand cru. La femme, elle, se contente de vieillir. Quantités d’exemples viennent à l’esprit, des George Clooney, Robert Redford et autres Clint Eastwood, qui assument avec panache tempes grises, rides et décennies - parce que la société les y autorise - tandis que les femmes, dans le même temps, et d’autant plus qu’elles sont exposées, surtout si elles travaillent dans la mode, l’image ou le cinéma, doivent lutter contre les préjugés qui font d’elles, progressivement… de « vieilles peaux » (le mot est éloquent et n’a pas d’équivalent au masculin).

Les femmes de plus de 50 ans sont invisibilisées

Résultat, elles disparaissent des radars - des médias, des magazines, des films. Elles sont invisibilisées. Confrontée elle-même à ce regard blessant, et ayant constaté à quel point les femmes en souffraient, autour d’elle, l’artiste belgo-libanaise Sandrine Alouf (« 50 ans, ressenti 20 ») en a fait un projet à la fois joyeux et décapant. Il s’agit d’une parodie, ou plutôt, d’une réinterprétation, de clichés de mode ou de cinéma iconiques. « C’est pas demain la vieille », ce sont ainsi une trentaine de photos dans lesquelles se sont glissées des femmes de plus de 55 ans, modèles d’un jour, pour remplacer le mannequin idéalisé et photoshoppé qui avait rendu la photo célèbre.

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Aux manettes, côté cheveux et maquillage, un « vieil » ami de Sandrine, le coiffeur salon et studio Jérôme Guézou. Lequel, c’est peu de le dire, souscrit à 100% au constat. « On veut vraiment montrer qu’une femme peut être belle et épanouie avec des rides. En termes d’apparence, d’énergie aussi, la femme a beaucoup plus et mieux évolué que l’homme, pourtant elle est toujours traitée avec mépris quand elle vieillit. Aujourd’hui, une femme de 50 ans peut être hyper séduisante, tout en élevant ses enfants et petits-enfants, en étant à la tête de son entreprise et en ayant une pêche d’enfer ! »

Une parodie de photos de mode mythiques

Objectif, donc, rester au plus près du cliché d’origine, mythique, et cultiver la simplicité, en s’appuyant sur la personnalité des modèles. « Avec ces photos, nous avons voulu faire les choses sérieusement, sans nous prendre au sérieux. Ces femmes sont belles, pleines d’énergie et de charisme. On n’a pas ‘’surmaquillé’’ ni ‘’surcoiffé’’, et la parodie fonctionne hyper bien. Tout ça amène un peu de légèreté à ce qui reste un sujet majeur. »

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Cette petite trentaine de photos a déjà fait l’objet d’une exposition à Paris en septembre, et devrait revenir dans la capitale en 2023. Les clichés s’inscrivent dans une démarche plus globale, autour d’actions concrètes parallèlement aux expos, tels que des témoignages et des séances photos, mais aussi un documentaire, et même un premier défilé-happening festif, en pleine Fashion Week parisienne, pour se confronter aux regards… lequel a suscité des retombées inespérées (voir encadré). Le projet, en France, a déjà été relayé par Vanity Fair, Marie Claire, France Info ou encore France 2, et peut être suivi sur Instagram sur @cestpasdemainlavieille et sur YouTube. Avec Brunette, je le suis de près, et d’autres belles choses devraient très prochainement se produire.

Rouvrir le champ des possibles et de la confiance

« Cette remise en lumière ouvre un énorme champ de confiance en soi à celles qui ont joué le jeu, affirme ainsi Sandrine Alouf. Quand Jérôme les met en beauté, quand il leur fait une coiffure qu’elles n’auraient pas osée, ça remet de l’essence dans le moteur, elles reprennent confiance, avec l’envie de se dépasser. Et de reconnaître : je suis complètement submergée par le nombre de demandes, pour les shootings photos. C’est un projet très joyeux, très vivant, et ce sont des femmes joyeuses, vivantes, libres qui y adhèrent. »

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Ces femmes mûres et libres, elles dérangent parfois un peu la société. Ce qui renforce bien entendu l’envie de Sandrine de leur donner de la visibilité. « Il faut trouver de nouveaux rôles-modèles pour tous les âges de la vie, martèle-t-elle. Pour ces âges-là, on n’en a pas. On doit le faire pour nous, mais aussi pour les générations de jeunes filles qui arrivent, qui vivent sous le feu des réseaux sociaux, des filtres, du culte de l’apparence, et qui ont très peur de vieillir. » Sortir de ce jeunisme exacerbé et dangereux, ultime pirouette d’un féminisme qui s’est perdu en croyant jouer sans risque l’hyper sexualisation et toute sa panoplie, c’est tout l’enjeu des années à venir. Quelques francs-tireurs l’ont bien compris, comme Sandrine, et Jérôme, et leur regard est d’utilité publique.

 


Quand la mère d’Elon Musk s’embarque avec « C’est pas demain la vieille » !

Pensé comme un coup de gueule contre les idées préconçues sur l’âge, le projet « C’est pas demain la vieille » s’est traduit, notamment, par une série de portraits de femmes « de la vraie vie », inspirantes, vivantes, qui se sont prêtées au jeu de la parodie de photo de mode sous le regard bienveillant de Sandrine Alouf, mais aussi de son coiffeur et maquilleur Jérôme Guézou et de sa styliste Anne Prudhomme Béné.

A partir de 50 ans, les femmes sont en effet invisibilisées, disparaissent des médias, des magazines de mode et du cinéma. Comme le rappelle Sandrine, 9% des rôles des films français en 2020 ont été attribués à des femmes de plus de 50 ans, alors que celles-ci représentent… 42% des femmes françaises !

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Pendant la dernière Fashion Week parisienne une poignée d’audacieuses, habillées du tee-shirt « C’est pas demain la vieille » ont organisé un défilé sauvage festif et militant face à l’entrée VIP du défilé Dior. Elles se sont jetées sur une femme élégante à la coupe garçonne immaculée, armées de la pancarte « Don’t be old, be bold » (jeu de mots équivalent en anglais), sans la connaître. Elle s’est avérée être Maye Musk, l’exceptionnelle mère d’Elon Musk, mannequin et septuagénaire flamboyante !

recad les lecons d une vie

Laquelle a compris l’enjeu illico, et relayé dans la foulée toute la démarche, acceptant même le tee-shirt pour une séance de dédicace de son nouveau livre quelques jours plus tard… La presse et Brut étaient là, alors Maye Musk nouvelle militante de "C’est pas demain la vieille" : imaginez les retombées !...

20/10/22

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