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Bernard Stalter arraché aux artisans

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C’est une nouvelle onde de choc qui secoue la coiffure, violemment, après la disparition, il y a une semaine, du brillant Laurent Decreton, également originaire de l’Est de la France.

Cette fois, c’est Bernard Stalter qui nous quitte, à 63 ans, des suites du Covid-19. Président de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec) et du réseau des Chambres de métier et de l’artisanat français (CMA) - entre autres postes stratégiques -, ce farouche défenseur de l’artisanat et de la coiffure n’aura compté ni son temps, ni son énergie pour défendre les intérêts de la profession, jusqu’à son dernier souffle - littéralement.

Inlassable homme de terrain et de dialogue, il continuait de réunir et de rencontrer des interlocuteurs stratégiques, notamment sur le dossier crucial de la formation et de son remboursement, quelques jours avant le confinement. Dans une vidéo du 16 mars, il reconnaissait être « en lien nuit et jour avec notre gouvernement pour trouver des solutions pour assurer la survie de nos entreprises de coiffure ».

Pragmatique, combatif, chaleureux, c’était un homme ouvert, auquel même ses détracteurs reconnaissaient un réel sens de la discussion avant, bien souvent, de trouver un terrain d’entente avec lui.

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Avec Franck Provost, président du Cnec, et le président Emmanuel Macron © D.R.

 

Cette fois, et vu l’ampleur de son engagement sans faille en faveur de l’artisanat, l’onde de choc est remontée jusqu’aux plus hautes instances politiques. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a ainsi tweeté dès hier soir : « J’apprends avec une immense tristesse la disparition de mon ami @bernard_stalter (…) défenseur inlassable des artisans, toujours disponible, ouvert et souriant. Il nous manquera, il manquera à la France des artisans, il manquera à l’Alsace ».

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale, a fait part de sa peine et précise qu'il était « un interlocuteur exigeant et profondément sympathique ». Deux jours plus tard, l'Elysée publiait un émouvant communiqué, soulignant ses qualités d'homme de dialogue, d'action, « et d'homme de cœur surtout, car on devient d'abord coiffeur quand on a du talent dans les mains et qu'on aime les gens ».

Si l'annonce de sa disparition a ainsi suscité une déferlante de témoignages de sympathie et de chagrin parmi les coiffeurs, tous plus touchants les uns que les autres, dans sa région natale, en Alsace, où il était très apprécié et également président la Chambre régionale de métiers du Grand Est et d'Alsace, les réactions politiques n’ont pas tardé non plus.

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Avec le ministre de l'Economie Bruno Le Maire © D.R.

 

« (…) Merci Bernard pour ce que tu m'auras transmis, a tweeté Jean Rottner, président (LR) du conseil régional du Grand Est. Je suis d'une tristesse infinie. Tu as tellement donné à l'Artisanat ». « L'Alsace perd un homme profondément engagé pour son territoire. Les artisans perdent leur meilleur ambassadeur », a confirmé la députée européenne (Agir) Fabienne Keller.

Les commentaires sont trop nombreux pour être tous cités. Ils reflètent néanmoins la réalité et la sincérité de son combat pour les artisans et la coiffure, au-delà des étiquettes politiques.

Bernard Stalter était à la tête de quatre salons de coiffure dans le Grand Est comptant quelque 70 employés. Il avait commencé comme apprenti, à 14 ans, dans la coiffure homme, avant de s'initier à la coiffure femme. Il avait gravi tous les échelons de la profession. Il a transmis le flambeau à son fils Benjamin, champion d'Europe de coiffure en 2009.

Il était hospitalisé depuis fin mars en réanimation à Strasbourg. « Mon médecin m’a diagnostiqué #Covid-19 je vais bien. Je suis les instructions et reste chez moi », avait-il annoncé le 20 mars sur sa page Facebook, positif, combatif, comme à l’accoutumée, assurant continuer à travailler en contact avec ses équipes « pour poursuivre le combat pour et avec les artisans ».

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© D.R.

 

Et il avait de quoi faire ! Car il était aussi vice-président de l’Union européenne de l’artisanat et des PME (UEAPME), et à la tête de la Confédération nationale des métiers de service (CNAMS). Il siégeait également à la Région Grand Est en tant que conseiller régional délégué à l’artisanat.

Son épouse Agnès Stalter avait sobrement posté sur la page Facebook son mari, hier soir, lundi de Pâques : « Je viens ici vous informer que Bernard Stalter vient de fermer les yeux sur ce monde pour rejoindre le paradis. […] Il s'est battu pour vous et contre ce virus jusqu'au dernier souffle. » Toutes nos pensées à elle, à son fils et à toute leur famille pour la perte de cet homme qui manquera cruellement à ses proches tout autant qu’à la coiffure, et qui sera malheureusement très difficile à remplacer.

Espérons que son engagement exemplaire, qui a des airs de sacrifice, restera dans les cœurs et les mémoires à l’heure où les coiffeurs vont devoir continuer à se battre et à rester soudés.

14/04/20

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