Audace, prise de risque et envie d'agir ensemble : ma rétrospective de l'année sous un angle prometteur, malgré la crise. Pourvu que ce renouveau du collectif perdure !

Une année riche en initiatives pro, 2025 ? C’est peu de le dire… Alors que le ciel est plombé, l’horizon économique assez peu dégagé, que l’incertitude règne dans la coiffure comme dans tous les secteurs économiques, on peut peut-être, quand même, déceler quelques lueurs d’espoir. Comme un changement de mentalité. Une lassitude face à l’hyper individualisme triomphant, une envie de prendre un peu son destin en main, en réunissant les potentiels, en regroupant les personnes de bonne volonté, positives, constructives, dynamiques. Ceux et celles qui voient le verre à moitié plein plutôt que celui à moitié vide, ce que l’on pourrait faire plutôt que ce qui n’est pas possible.

Des prises de risque pour la profession

En avançant, coûte que coûte, à travers la crise, la chute du pouvoir d’achat, la consommation en mode numérique, l’ultra fast fashion et l’ultra zéro réflexion. Tout, tout de suite, et juste pour moi ? Et si on avait atteint les limites de ce système ? C’est dans les périodes de crise, quand on est au pied du mur, qu’on avance et qu’on réinvente, ne l’oublions pas… Et dans notre profession, peut-être les coiffeurs et les marques sont-ils en train de comprendre que, pour faire un meilleur gâteau, plus gros et plus appétissant, il faut s’unir plutôt que de faire une mini-pâtisserie individuelle chacun de son côté…

L'Université de la Coiffure, un événement haut de gamme par Olivier Sittoni 

 

Je suis souvent un chouïa optimiste. Je vois bien que chacun continue d’arbitrer dans son intérêt – et c’est normal. Mais, malgré tout, quelques petits signes ne trompent pas. On se « mouille » de plus en plus pour le métier : alors que les expos professionnelles sont en difficulté, différents projets ont abouti cette année, malgré les difficultés ambiantes : comme la création d’un format résolument original, modulable et à échelle humaine, avec la très ambitieuse Université d’Eté de la Coiffure, imaginée par Olivier Sittoni fin juin, pour célébrer avec panache les 20 ans de Coiffure Beauté Méditerranée. Si le rendez-vous n’a pas réuni autant qu’on pouvait l’espérer, tous les participants étaient unanimes sur sa dimension ultra qualitative. Et gonflée…

 

L'inauguration de la 1ère édition de Hair & Beauty Montpellier

 

Quelques semaines auparavant, les 18 et 19 mai, c’est le tout nouveau salon régional Hair Montpellier, organisé par la SPL Occitanie Events, qui se déroulait sur deux jours, sur un modèle bien connu (partie expo coiffure et esthétique, scène de shows, conférences, concours…). Dans une région qui, à part le Festival Métamorphose, quasi exclusivement artistique, n’avait jusqu’ici pas eu d’événement pro à sa mesure. 1^ère édition, après à peine quelques mois de communication, et très bon accueil : la prise de risque a été récompensée.

 

Les concours au Hair & Beauty Montpellier 2025

 

D’ailleurs, la 2^ème édition du salon, devenu Hair & Beauty Montpellier, est programmée pour les 15 et 16 février prochains, avec une dimension esthétique plus clairement affichée, et des concours qui draineront les jeunes, notamment celui de l’Equipe de France coiffure. Soutenus par l’ensemble de la presse pro, ces deux événements ont résolument misé sur le collectif, à l’heure où ce genre de pari est assez hasardeux (du fait de la crise), mais aussi ultra nécessaire (du fait de la crise, justement).

Une floraison de concours

Les concours, eux aussi, après un passage difficile depuis le Covid, sont en train de réapparaître. Souvent mieux ciblés, afin de mettre en lumière des segments de marché ou des dimensions de la beauté jusqu’ici pas assez valorisés. Comme les Choose Beauty Awards, une initiative du BS Club, le 6 février dernier, pour récompenser les talents et les parcours en termes de business et de stratégie de développement, et non plus seulement sous le prisme artistique. La formule a plu, elle sera rééditée le 5 février prochain.

 

Les tout premiers Choose Beauty Awards, et Kelly Massol "Personnalité de l'Année"

 

Ou encore, les Afro Excellence Awards (AEA) imaginés par la designer Murielle Kabile et accueillis par BS Sélection de Lyon, les 23 et 24 novembre, pour valoriser le savoir-faire spécifique et ultra technique du cheveu afro, tout en assumant une dimension artistique hautement créative. Un concours qui sera reconduit l’année prochaine, toujours en partenariat avec BS Lyon, ainsi que la presse pro, et Brunette, bien sûr ! Le Prix RSE de l’Unec, lancé cette année pour récompenser les initiatives en termes de développement durable (initiatives environnementales, sociales…) est également reconduit et ouvert depuis quelques semaines (clôture le 31 janvier).

 

Les 1ers Afro Excellence Awards, par Murielle Kabile, à BS Lyon

 

En termes de compétition, je ne vais pas occulter le succès croissant du Concours Edito, que j’ai lancé dès la sortie du Covid, en 2022. Autour d’une idée qui me semblait évidente : fédérer, réunir les talents mais aussi les soutiens. S’associer au salon incontournable du métier, quoi qu’on en dise : le MCB, et remettre les prix sur scène. Aller chercher des marques concurrentes, s’élever au-dessus des rivalités commerciales pour faire grandir le gâteau, justement, et le rendre plus beau et plus adapté au marché réel, aussi…

 

L'édition 2025 du Concours Edito, au MCB

 

D’où le positionnement éditorial, tendance ou artistique très épuré, mais portable, plutôt qu’une absence de positionnement, laissant la place à tous, mais sans message ni ambition particulière. Les coiffeurs ont joué le jeu, les partenaires ont joué le jeu, le MCB a joué le jeu. Reste à voir la suite… Mais une chose est sûre : avec cet événement, on est en plein dans le partage, le cheminement ensemble et la remise en question, à chaque édition.

Rebooster les jeunes coiffeurs

Difficile également de ne pas parler des Hair Artist Awards imaginés par Raphaël Perrier et soutenus par l’Unec et L’Oréal Professionnel. Ceux-ci ont ont une nouvelle fois fait s’affronter, en live, près de 500 jeunes coiffeurs. C’était le 9 novembre dernier, au Mans, dans une ambiance à la fois bon enfant et sous pression, musique rock et décomptes au micro pour chacune des épreuves. Certes, ce n’était pas une première édition, mais cette version 2025 a été un franc succès, tout en lançant en parallèle, et pour la première fois, pour le coup, le concours des Barber Artist Awards, sur le même principe.

 

Les lauréates des Hair Artist Awards 2025

 

On dit qu’aujourd’hui motiver les jeunes est difficile. Or avec ce concours, Raphaël Perrier et son équipe ont une nouvelle fois amené des centaines de jeunes professionnels au Mans, beaucoup venus de la région, mais d’autres de plus loin, et tous, levés aux aurores…

 

Les jeunes talents de la Fondation Guillaume, sur scène, lors de la Soirée Blanche d'Intercoiffure le 6 juillet

 

Mettre en lumière les jeunes talents, et les coiffeurs de demain, c’est aussi l’objectif de Sylvie Grammatico, présidente d’Intercoiffure France et de la Fondation Guillaume France. Laquelle ne ménage pas ses efforts pour remettre en orbite le concours de la Fondation Guillaume, traditionnel vivier de jeunes coiffeurs de talent. Relancement officiel, et en présentiel, du concours cette année, le 12 janvier dernier, et re-belote le 11 janvier prochain, pour une nouvelle édition sur le thème de la Fashion Week...

Créer des synergies

Mais le goût du collectif se perçoit aussi à travers l’association et le soutien mutuel non seulement de sponsors, mais aussi d’événements. Le 5 octobre dernier, les deux événements se tenant rituellement aux Folies Bergère à Paris à la rentrée, la Haute Coiffure Française le matin, le Community Hair Show l’après-midi, ont ainsi choisi de mettre en vente des billets communs, pour la première fois. Certes, l’idée du regroupement, sous la bannière du Hair Congress (initiative de Mike Vincent), portait déjà les germes d’une synergie active, avec le Tribu-te Show qui clôturait en outre la journée (jusqu’en 2024). Mais les organisateurs ont poussé d’un cran la logique, permettant ainsi aux différents courants et sensibilités de la coiffure de s’inspirer les uns des autres et de s’enrichir, plutôt que de s’ignorer.

 

La nouvelle équipe artistique internationale de Babyliss Pro

 

Une autre illustration de cette envie de « refaire équipe », c’est l’éclosion, justement, de nouvelles équipes artistiques alors que la tendance était plutôt, ces dernières années, à leur disparition. C’est ainsi qu’on a pu découvrir au Hair Congress, justement, les toutes nouvelles équipes artistiques de Babyliss Pro (avec les coiffeurs français Pascal Lombardo et Christophe Pujol), de Community et de Davines. Sachant que, le matin même, le show de la Haute Coiffure Française reposait, comme depuis 5 ans, sur une équipe artistique riche, éclectique et à dimension variable, très régulièrement renouvelée (sous la houlette de Christophe Gaillet).

 

L'équipe artistique de Davines, le Creative Collective France

 

A noter aussi : c’est dans le cadre d’une équipe de coiffeurs-barbiers européenne sélectionnée par l’organisation BarberSociety que le Français Geoffrey Kvot a pu briller sur scène au congrès mondial chinois WHC début novembre à Xiamen, en Chine… L’union fait la force, et nourrit l’ambition.

 

Le coiffeur barbier Geoffrey Kvot en Chine avec BarberSociety

 

Pour résumer, s’il y a une petite formule qui a été mise à toutes les sauces cette année, le plus souvent avec bonheur, c’est bien « Tout(e) seul(e) on va plus vite, ensemble on va plus loin » (un proverbe d’origine africaine semble-t-il).

 

Une partie des membres du Cercle des Femmes de la Coiffure

 

Les clubs et autres cercles n’ont ainsi fait que prendre de l’ampleur, à l’image du BS Club, accolé au BS Congress, dont les formules se multiplient et s’enrichissent, ou du Cercle des Femmes de la coiffure, officiellement lancé en avril 2024 et qui compte aujourd’hui déjà 120 membres actifs, des femmes influentes (dirigeantes d’entreprises, coiffeuses, journalistes*…), qui travaillent au service de la profession et de son avenir avec pour mission de : « fédérer, élever et faire rayonner la coiffure. » Tout un programme !

Revaloriser le métier

Ce sont notamment une poignée de femmes issues de ce cercle, emmenées par l’ex-dg de Wella France, Caroline Gudin, qui ont créé fin 2024 le mouvement Les Professionnels de la Coiffure, avec pour objectif très concret de lancer une campagne de communication pour valoriser les coiffeurs sur les réseaux sociaux. Cette campagne, initialement prévue pour cet automne, a été décalée de quelques mois et devrait être visible début 2026. Un appel aux dons a d’ailleurs été lancé, pour rejoindre ce collectif et participer, à son échelle, à cette campagne pour la profession, auprès des maisons de produits déjà engagées (et des deux syndicats professionnels Unec et Cnec, pour une fois réunis, et associés à la Febea).

 

Les membres fondateurs du collectif Les Professionnels de la Coiffure

 

On n’aura jamais eu autant besoin des autres, créé des synergies, et assumé, que cette année. Une bonne nouvelle pour une profession plus connue pour ses crêpages de chignon et ses combats d’ego, et que la crise a révélée plus généreuse et partageuse. A suivre !

*Je ne fais pas partie du Cercle des Femmes de la Coiffure à ce jour.